Objet de la résidence : enregistrement et composition
Performance lyrique et chorégraphique
« Cachée dans l'épaisseur des forêts, la voix d'Écho répond toujours à la voix qui l’appelle, mais nul ne peut voir cette Nymphe infortunée. » Ovide, Métamorphoses.
Quand Narcisse appelle Écho, elle ne peut que répéter les dernières paroles de celui qu’elle aime. Le jeune homme lassé, abandonne la nymphe. Narcisse tombe finalement amoureux de son propre reflet dans l’eau et finit par mourir de cette passion. Écho reste seule dans cet espace où le silence autour d’elle prend alors toute la place. Ici commence notre performance, dans un univers de silence.
Écho erre longtemps. Pour sortir de sa peine, elle tente de marcher, de saisir, de voir, d'entendre et de dire à nouveau : un pas après l'autre, un souffle après l'autre, un son après l'autre.
Réduite à un état primitif, Écho ré-expérimente, comme une enfant, les sons du monde. Elle les mastique, et, à force de manducation et d'expérimentation dans sa chair, elle leur donne une consistance nouvelle. Les sons, et leurs échos, s’imprègnent dans son corps pour lui donner vie. À force d'être dépliés, répétés, transformés et accumulés les sons deviennent des mots puis des phrases, et enfin des chants.
C'est par la redécouverte et la ré-appropriation des sons qu'Écho dépasse la répétition dont elle était prisonnière et qu'elle peut proférer librement. D'abord tronquées, ses phrases prennent de plus en plus d'ampleur. Les mots d'Écho se déploient dans l'espace en même temps que sa métamorphose corporelle opère. Elle n'est plus figée ni réduite à des bribes de phrases mais devient un être entier (à part entière / plein), un être qui parle.
Écho est une performance vocale, visuelle et corporelle pour soprano. La composition est pour une voix, reprise et superposée, devenant ainsi polyphonie. La transformation du chant solitaire en une voix polyphonique représentera l’émancipation du personnage qui devra chercher de nouvelles voi(e)x pour réapprendre le langage. Le travail avec le chorégraphe Thierry Thieü Niang qui accompagnera le mouvement scénique, ajoutera une dimension corporelle à la représentation, apportant ainsi une autre couche d’émotion et de narration.
Soutiens
Collection Lambert ; DRAC Paca ; Rouvrir le monde
Jimmy Boury
Jimmy Boury est un artiste, travaillant des mises en scènes en utilisant comme matériau principale la lumière et le son, afin de créer des formes entre expérience sensorielle et performance théâtrale. Diplômé d’une licence d’électronique pour l’aéronautique, il refuse à la dernière minute un poste dans une station sol satellite et part à Paris pour continuer des études comme ingénieur du son et rentrer au Théâtre de la Ville en 2011.
En 2013 il rencontre le chorégraphe Thierry Thieû Niang avec qui il commence une collaboration de plus de dix ans où il est à la fois créateur sonore, éclairagiste, scénographes et enfin co-metteur en scène à ses côtés. Reconnu en tant qu’éclairagiste il collabore avec de nombreux artistes dans le milieu du théâtre, de l’opéra et de la danse contemporaine.
À présent il met en scène des performance et crée des installation synesthésique, liant le son et le toucher ou encore la lumière et la musique. Il travaille en collaboration sur ses projets avec des auteurs contemporains (Aurélien Bellanger, Baptiste Beaulieu), des comédiens, des danseurs ou des chanteurs mais également avec des amateurs toute génération confondues. Ses orientations artistiques sont entre l’art contemporain et le spectacle vivant en créant des formes performatives innovantes et sensibles. Pouvant aller d’ objets interagissant avec l’humain au moyens d’électrodes ou d’un simple contact avec l’eau (projet Osmos), à des compositions live accompagnant une lecture dans la salle des Nymphéas de Monet.
Emmanuelle Jakubek
Est diplômée d'un Master de chant de la Haute Ecole de musique de Lausanne (Suisse) dans la classe de Frédéric Gindraux et Jean-Philippe Clerc. Elle détient également un prix de Lied&Mélodie du Conservatoire de Paris dans la classe de Françoise Tillard, une licence de violon du Pôle supérieur 93, une licence de musicologie de l'université Paris 8, et un diplôme supérieur de théâtre du Cours Florent Paris.
Sa formation se poursuit autour de master-class avec des artistes de renoms comme Thomas Hampson, Regina Werner, Anne LeBozec, Élène Golgevit, Charlotte Bonneu ou encore Marie-Claude Chappuis.
Avec un parcours mêlant chant, instrument, théâtre et danse ( 10 ans de formation classique) Emmanuelle a acquis plusieurs compétences qui ont enrichi son discours musical. Cette jeune soprano française est lauréate de la Fondation Royaumont suite à sa participation à une session de travail autour des stands lieder de Mahler avec Thomas Hampson.
Nous avons pu récemment l'entendre dans le rôle de Petra dans Xynthia de Thomas NGuyen à l'Opéra de Reims, Opéra de Metz; dans le rôle de la Foret dans Like Flash de Sivan Eldar à l'Opéra National de Lorraine, au Centre Chostakovitch avec le Trio Metral dans les Romances, à la Scala Paris en duo avec Anne LeBozec dans un programme Viardot en récital Mahler-Zemlinsky à la bibliothèque Lagrange-Fleuret avec Juliette Sabbah ou encore dans le rôle de la Mariée dans les Noces de Stravinsky à Saint Eustache.
Thierry Thieû Niang
Thierry Thieû Niang est danseur et chorégraphe.
Parallèlement à son parcours de création, il initie des ateliers de recherche chorégraphique autant auprès de professionnels que d’amateurs, d’enfants, d’adolescents, d’adultes et de seniors, de personnes autistes ou détenues.
Officier des Arts et des Lettres, lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs, de la Fondation Unesco Aschberg et du Prix Chorégraphe SACD, il intervient auprès d’écoles d’art, de conservatoires supérieurs d’art dramatique et chorégraphique, d’associations de quartiers, d’hôpitaux et de prisons dans différentes villes en France et à l’étranger. En cette nouvelle saison 23/24, il collabore auprès de différents metteurs en scène, chorégraphes, comédien.ne.s et musicien.ne.s pour des créations partagées avec :
Dominique Blanc, Imany, Anne Alvaro, Élisabeth Chailloux, Julie Bertin et Jade Herbulot, Léna Paugam et Babouillec, Simone Menezes, Michèle Noiret, Jimmy Boury, Julien Fiśera, Pascal Kirsch, Laurent Naouri, Simon Deletang... et est invité à la MC93 à Bobigny, à l’Académie Fratellini à Saint-Denis, à l’Orchestre de Chambre et à la Philharmonie à Paris, à l’Hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu et à la Maison de la Danse à Lyon, au Théâtre CDN de Lorient, au Centro de Artes da Maré (CAM) à Rio de Janeiro et at The Invisible Dog Art Center à New York.
Charlotte Gautier van Tour
Diplômée et félicitée de l’École NationaleSupérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2014, elle poursuit en tant qu’étudiante chercheur dans le programme de recherche Reflective Interaction à l’EnsadLab jusqu’en 2017. Après avoir participé à plusieurs résidences en France et à l’étranger, elle vit et travaille actuellement à Marseille. Sa démarche artistique est basée sur la volonté de révéler l’interdépendance qu’il y a entre toutes choses, dévoiler les connexions entre les écosystèmes et les êtres, confronter nos corps avec d’autres espèces et d’autres dimensions.
Depuis toujours fascinée par la transformation de la matière (d’origine organique comme les algues ou immatérielle comme la lumière), un des enjeux principaux qu’elle s’est fixé pour les années à venir est d’aborder le vivant, la résilience et l’écologie dans ses installations. Pour cela, elle développe elle-même ses propres matières bio-sourcées, recycle divers matériaux et privilégie l’économie locale tant pour sa consommation personnelle que pour sa production artistique. La science est une source d’inspiration qui lui permets de comprendre certaines lois physiques et chimiques qui tissent notre monde et les grandes correspondances reliant mondes microscopiques et macroscopiques. Pratiquant la recherche fondamentale, elle aime aussi cultiver le hasard et la sérendipité dans son atelier qui ressemble autant à un laboratoire qu’à une cuisine.
Jimmy Boury
conception et mise en scène
Jimmy Boury, Emmanuelle Jakubek
composition
Emmanuelle Jakubek
chant
Thierry Thieû Niang
chorégraphie
Charlotte Gautier van Tour, Jimmy Boury
scénographie