Dans le cadre du festival actoral.
Conçue comme une plongée nocturne mêlant enregistrements de terrain, témoignages, création sonore et lectures live, Matière (noir, blanc, bleu) cherche à faire trembler nos ambiguïtés en redonnant chair à ce qui nous est invisible : nos vies connectées reposent sur le labeur d’hommes et de femmes qui extraient les minerais dont sont composés nos outils numériques.
Némo Camus prend ici pour sujet l’extraction minière en République Démocratique du Congo, connue pour la richesse de ses sous-sols en métaux et terres rares – le cuivre, l’étain, la cassitérite, le cobalt et le coltan, auxquels s’ajoute désormais le lithium, surnommé or blanc. L’extraction de ce métal, indispensable à la fabrication des batteries électriques, contribue à la dévastation des terres et à l’exploitation des corps – à Manono notamment, chef-lieu de la province du Tanganyika, où se trouve l’une des plus vastes réserves de lithium au monde.
Matière (noir, blanc, bleu) est aussi le lieu d’une recherche réflexive sur le geste documentaire, et sur les implications d’une démarche menée depuis une position blanche et occidentale : qui « prend » des sons, « récolte » des histoires ? Existe-t-il un extractivisme sonore ? Et si oui, comment le déjouer ?
À l’occasion du Festival actoral, Némo Camus invite l’artiste Maya Mihindou à entrer en dialogue et à partager cet espace-temps.
Production déléguée
Le Bruit et la fureur & deuxtempstroismouvements
Coproduction
Écolo ; le Bureau International Jeunesse ; iMAL ; GMEM
Soutiens
Ateliers Picha, la Bellone, l’Institute for Colonial Culture (ICC), Phonurgia Nova
Remerciements
Pélagie Gbaguidi, Maarten Vanden Eyden, Marjolijn Djickman, Jean Katambayi Mukendi, Alexandre Mulongo Finkelstein et Gulda El Magambo d’On-Trade-Off. Merci à Bibiche Takana, Prosper Zongwe et Arlette Panu de Picha ainsi qu’à Caroline Berliner et Estelle Lecaille
Némo Camus
Némo Camus est un artiste basé à Bruxelles. Après des études en cinéma et en sociologie, il s’oriente vers la création sonore et intègre l’INSAS. Son travail, fortement ancré dans la pratique de l'enregistrement sonore. Il s'intéresse spécifiquement à l'intrication et aux écarts entre récit intime et document historique dans le cadre d'enjeux mémoriels contemporains. Ses pièces se déploient au travers de créations radiophoniques, d'installations sonores, de performances ou encore de films. Il collabore pour la performance et les arts visuels avec Pélagie Gbaguidi, On-Trade-Off, Joëlle Sambi, Esther Mugambi, Robson Ledesma, Aïssatou Ciss, Sophie Sherman, ou encore Davide Tidoni. Son travail a récemment été présenté au GMEM à Marseille, à l’iMAL à Bruxelles, à Framer Framed à Amsterdam, à la Biennale de Dakar et à la Bienal Internacional de Dança do Ceará à Fortaleza, au Brésil. Il donne des workshops de création sonore, à l'Université Paris 8 notamment.
Maya Mihindou
Maya Mihindou travaille à raconter une longue histoire, par la pratique éditoriale, le dessin ou la photographie. Elle tend l'oreille aux voix présentes et aux archives, travaille à diverses échelles du livre. De Marseille, elle contribue à diverses revues indépendantes (Mille Cosmos, Ballast, The Funambulist, Plurivers) et pour l'Humanité. Depuis 2021/2022, elle accompagne l'exposition consacrée à la réalisatrice Sarah Maldoror. Pour Éloge de la submersion, un projet d'exposition art et sciences initié par Denètem Touam Bona avec la Compagnie, à Marseille, elle illustre un recueil de Alexis Pauline Gumbs : Non-noyées (Burn-Août, novembre 2024). Au même moment paraît Seul le sol un livre illustré adressé à la jeunesse. Elle y aborde, graphiquement, le principe de sédimentation. Née au Gabon, dans une terre exploitée par des multinationales pour l'extraction fossile (pétrole, Gaz) et pour le bois de sa forêt, le principe de sédimentation est un processus qui encadre, sous diverses formes, son travail. Il lui importe de pouvoir rendre vivant et vibrant ce substrat organique et cosmopoétique du sol qui nous porte, collectivement, et avec lequel nous dialoguons sans-cesse.
Friche la Belle de Mai (le Module)
41, rue Jobin13003
Marseille
Durée
55 min.
Tarifs
12€, 8€, 6€
Némo Camus
conception et réalisation
Maya Mihindou,
Némo Camus
textes et performance
avec les voix et la participation de
Kasongo, Jaquie, Dieudonné, Solange, Alpho, Landri, Kilulwe, Tchude, Claudine, Donatien, Jeannie, Bibiche, Nelly, Emmanuel, Samy, Célestin, Crispin, Vincent et Jean-Paul
Ilunga Wa Ngoy Ilus
accompagnateurs
Elvire Ménétrier
scénographie
Éric Morel
mixage et spatialisation