Dans cette nouvelle collaboration, la guitariste Alessandra Novaga et l’artiste sonore Alessandro Bosetti élaborent un objet performatif situé à la croisée du concert immersif, de la co-composition et de la recherche sur la mémoire musicale. Le duo s’empare d’un corpus de chansons issues d’un répertoire partagé — Violeta Parra, Fabrizio De André, Franco Battiato, Luis Alberto Spinetta — ainsi que de compositions originales, comme autant de fragments actifs d’un patrimoine affectif.
Leur choix émerge de bifurcations inattendues, de dérives, de relectures émotionnelles et critiques.

Ces matériaux sont soumis à un processus de déconstruction minutieuse : ralentis, dilatés, stratifiés, jusqu’à basculer dans des formes abstraites, quasi-minérales, où persiste la trace spectrale de ce qui fut. La dimension performative se situe à la jonction du drone, de l’écriture minimaliste, de l'improvisation texturale.

Le projet prolonge les recherches récentes de Bosetti sur la mémoire sonore : ce que la voix retient, altère ou efface, ce que le corps mémorise malgré lui, les mécanismes d’usure, d’oubli, de persistance comme moteurs compositionnels. Le duo devient un dispositif d’écoute à deux corps, où les rôles s’interfèrent : guitare préparée, voix live et traitée, saxophones, fragments de texte, textures de souffle.

L’approche est lente, méditative, volontairement poreuse. L’espace de performance devient un lieu de résidence sonore partagée, un terrain d’apparition de formes instables.

Alessandra Novaga articule son travail autour de matériaux hétérogènes (archives, images, écritures), avec une attention particulière à la résonance extramusicale. Ses projets sont souvent nourris de figures cinématographiques telles que Andreï Tarkovski, Derek Jarman ou Rainer Werner Fassbinder, dont elle transpose les atmosphères en paysages sonores abstraits et intérieurs.