Nina Garcia choisit le corps et l’implication physique comme nouveau terrain d’expérimentation collective et invite Jennifer Caubet, Romain Simon, Anna Gaïotti et Christophe Cardoen, à créer un espace de jeux où corps, sons, lumières et sculptures se mêlent et s’entrechoquent.
Un mouvement lent, sans début ni fin, des chutes atemporelles, du sable qui érode les formes, un espace sculptural qui barre toute ligne de fuite et strie une surface de jeu où des corps s’évertuent à sonner et avancer jusqu’à l’épuisement.
Dans un exercice d’anti maïeutique appliqué, cette nouvelle équipe partage avec le public un espace en tension aux contours mouvants où la lumière bouche la vue, où le silence effraie le bruit, où l’intensité monte quand tout ne fait que descendre. Trois corps et demi et une ode à la percussion faite main, pied, doigt pour une histoire à re·dé·construire chaque soir, une désarticulation chorégraphique menée par les sons, les formes, leurs ombres.
L’épuisement du corps
Le point de départ est une série de recherches menées à quatre autour de l’implication physique des musicien·ne·s et de son impact sur la création sonore et musicale. Les gestes sont soit empêchés, soit poussés à l’extrême. Improvisation, répétition, obstination, les jeux de Anna Gaïotti (claquettes, danse), Romain Simon (batterie) et Nina Garcia (guitare électrique) ont déjà en eux cet engagement, cet entêtement à faire sonner, jusque dans l’épuisement, à la lisière de l’inaudible. Faisant la part belle à la percussion faite main, pied, doigt, c’est une (dés)articulation chorégraphique menée par les sons qui se joue.
Sculpture
La sculpture de Jennifer Caubet, brute et fragile, oppose sa force aux corps traversés par le son. Elle dessine un espace de jeu, autant qu’elle le strie et le diffracte. Elle est source d’individualisation, de séparation mais aussi de liens. Elle apparaît au plateau comme une quatrième invitée, prise dans une chute aussi lente que certaine, et révise à chaque instant les relations au plateau.
Musique
Le son et la musique restent les premiers objets de la réunion de ces artistes. À la croisée des musiques expérimentales, improvisées et de la noise De haut en bas, de bas en haut et latéralement est avant tout un concert, construit à trois dans l’instant pour les spectateur·ice·s. Si chaque soir tout restera à dé·re·construire, l’orientation sera résolument de haute intensité, bruitiste et percussive, avec son lot de tensions et de silences étouffants.
Public
Le public s’installe le plus proche possible des sculptures et des musicien·ne·s, de préférence en arc de cercle autour de l’espace de jeu. Les spectateur·ice·s sont immergés dans le son, ils peuvent ressentir l’implication physique des performeur·se·s, ainsi que l’énergie de la chute des sculptures. Artiste et public forment un ensemble pris dans un même mouvement, dans une même tension ; loin d’un temps spectaculaire, ce mouvement est toujours en cour, il ne connaît ni début, ni fin. Le temps du concert est arbitraire, suite au départ des performeur·se·s l’installation continue à fonctionner.
Production artistique et diffusion
Nina Garcia
Production déléguée
La Muse en Circuit – CNCM
Coproduction
Ici l’Onde ; Le Générateur ; GMEM ; La Soufflerie – Rezé ; Espace Multimédia Gantner – service du Département du Territoire de Belfort
Aide à la création de la Région Île-de-France
Soutiens
la Maison de la Musique Contemporaine ; CNM – Centre National de la Musique
Nina Garcia
Née en 1990, vit et travaille à Paris.
Nina Garcia mène un travail de recherche et de création autour de la guitare électrique à mi-chemin entre musique improvisée et noise. Son dispositif est réduit au minimum : une guitare, une pédale, un ampli avec lesquels elle sculpte le son et fouille le chaos pour en faire émerger l’inouï. Pour son solo Mariachi, l’attention est donnée au geste et à la recherche sur l’instrument, ses résonances, ses limites, ses extensions, ses impuretés, ses recoins audibles : aller avec ou contre lui, le contenir ou le laisser sonner, le soutenir ou le violenter. On y trouve en vrac : feedbacks, crépitements, courts circuits, impacts, harmoniques, grincements, et par hasard, notes et accords presque parfaits.
Un duo plus qu’un solo, qui sidère par ce mélange de maîtrise technique et de liberté totale. Une convergence de sauvagerie et de tendresse avec son instrument, un corps à corps tendu entre deux âmes vibrantes pour une musique et une chorégraphie à la poésie brute.
Nina Garcia joue également en duo avec la tromboniste danoise Maria Bertel, en trio avec les suisses Antoine Chessex (saxophone) et Louis Schild (basse) ainsi que dans le groupe mamiedaragon.
Depuis 2019, elle est membre de l’ensemble d’improvisation Le Un qui réunit 25 musicien·ne·s improvisateur·ice·s et organise différents événements autour de l’improvisation en grand ensemble.
En 2020/21, elle était en résidence au GRM pour une commande de création pour le festival Présences électroniques où elle a présenté Mariachi-Sme, une pièce jouée live en octophonie.
En 2021, elle crée Autoreverse, un nouveau duo avec Arnaud Rivière (avec le soutien de la Drac Île-de-France, de La Muse en Circuit – CNCM et du GMEM — Centre national de création musicale).
Nina Garcia est sélectionnée pour le programme européen Shape Platform en 2019, avec le soutien de la biennale Némo.
Nina Garcia est également engagée dans l’organisation de concerts, la diffusion et la transmission des musiques expérimentales depuis 10 ans. Elle a été jusqu’en 2021 responsable de l’action culturelle des Instants Chavirés, puis co-programmatrice des concerts en 2020 et 2021. Elle s’investit dans la pédagogie autour de ces musiques en menant des ateliers pour étudiant·e·s en arts (EsadHar, Le Havre, 2017), ou pour enfants dans le cadre scolaire (Le DOC, Saint-Germain d’Ectot, 2022). On a pu l’écouter entre autres à : Gaité Lyrique (Paris) ; Muse en Circuit-Cncm (Alfortville) ; GMEA-Cncm (Albi) ; Biennale Némo Trianon (Paris) ; Musée National Reine Sophie (Madrid) ; Sommarscen (Malmö) ; Bruits Blancs, Cube (Issy-les-Moulineaux) ; Espace Gantner (Bourogne) ; Sonic Protest (Paris) ; Festival de la cité (Lausanne) ; Zwei Tage Zeit (Zurich) ; Luff (Lausanne) ; Festival Musica (Strasbourg) ; Gong (Copenhague) ; Tripledecker (Graz) ; Skaņu Meûs (Riga) ; Festival Météo (Mulhouse) ; Cave 12 (Genève) ; Musique Action (Vandœuvre-lès-Nancy) ; Ateliers Claus (Bruxelles) ; Banlieues Bleues (Pantin) ; Café de la Danse (Paris) ; Café Oto (Londres) ; Echoraum (Wien) ; Jazzhouse (Copenhague) ; All Ears Festival (Oslo) ; InaGRM (Paris) — www.parabailarlabamba.fr
Jennifer Caubet
Née en 1982, vit et travaille à Aubervilliers.
Représentée par la galerie Jousse Entreprise.
Jennifer Caubet est diplômée de l’école Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2008 après avoir suivi différentes formations à Toulouse, Barcelone et Tokyo. Grâce à des productions singulières avec des spécialistes, ingénieur·e·s, architectes et entreprises, elle amorce un travail de réflexion sur, dans et autour de l’espace, à travers la sculpture, l’installation et le dessin. Les formes et les lignes que Jennifer Caubet déploie dans les espaces inaugurent le lieu de l’œuvre et de l’exposition comme des territoires de relations non seulement construits mais à construire.
Son travail est présenté pour des expositions personnelles et collectives à la Maréchalerie de Versailles, à la BF15 de Lyon, à la Kunsthalle de Bâle, au Chalet Society, aux Instants Chavirés, à la Chapelle Saint-Nicolas de Pluméliau ainsi qu’à la galerie Jousse Entreprise.
Elle est invitée dans des programmes de résidence tels que la Christoph Merian Foundation, Vent des forêts, le Centre d’Art des Tanneries, l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon et le CIRVA - Centre international du verre et des arts plastiques à Marseille.
Ses œuvres font partie des collections de Lafayette Anticipations, Fonds de dotation Famille Moulin, du Centre national des arts plastiques - CNAP, du FRAC Occitanie – Montpellier et du Frac Provence Alpes-Côte d’Azur.
« Jennifer Caubet déploie des réseaux de lignes à la surface de feuilles de papiers ou dans l’espace sous forme de dispositifs à la fois concrets et abstraits. Le passage de la deuxième à la troisième dimension se conçoit aisément chez elle, le dessin dérivant du dessein, c’est-à-dire d’un projet et d’un plan que l’on peut comprendre comme autant de tentatives d’emprise sur l’espace. Ici, le dessin/dessein se fait écriture de et dans l’espace. Aussi, empruntant leurs vocabulaires et leurs outils aux domaines de la cartographie et de la topographie, les dessins qu’elle réalise fonctionnent comme des matrices ou des partitions pouvant être activées sous forme d’installations dans des lieux déterminés. Pour reprendre les termes de Deleuze et Guattari, Jennifer Caubet s’approprie des « calques », c’est-à-dire des états de choses d’ores et déjà paramétrés et identifiés, pour inventer ses propres cartes, des tracés originaux et subjectifs à entrées multiples. Ainsi par exemplede ses kits, assemblages de structures métalliques et de flèches tirées à l’arc pour configurer des enclaves disponibles, mais aussi plus récemment de Point Omega (2017), soit trois structures en verre traversées d’eau et reliées à des panneaux solaires, à la fois autonomes et en prise direct sur l’espace dont elles puisent l’une des principales ressources, à savoir la lumière. Du plan au volume, il s’agit toujours de réseaux de lignes, de coordonnées et de trajectoires spatiales, à la fois réelles et imaginaires, paramétrant l’espace et exprimant diverses manières d’être-au-monde, entre états de repli et d’extension, chargés d’un potentiel fictionnel où l’utopie rejoint parfois la dystopie. » Sarah Ilher-Meyer. — www.jennifercaubet.com
Romain Simon
Né en 1981, vite et travaille à Amiens.
Musicien et activiste de la noise et des musiques expérimentales française, Romain Simon est aujourd’hui une figure incontournable de cette scène et l’une des plus passionnantes.
Batteur dans de nombreuses formations depuis les années 2000, Romain Simon évolue entre rock incisif, expérimentation sonore et noise texturée. Il construit un dispositif spécifique pour chaque groupe allant de la batterie acoustique, au dispositif 100% électronique en passant par un instrumentarium mixte comme dans son solo Baton xxl : un tombasse et une caisse claire joués debout, des effets aux pieds, un banjo plaqué contre un ampli guitare en feedback autonome.
En point commun à toutes ces installations une approche brute et intense de la percussion, un jeu assumé avec le rythme et les métriques, une recherche autour de la transe, une frappe directe, un son d’une entièreté radicale, une maitrise de la mise en tension et du geste suspendu.
Romain Simon joue sur les scènes internationales et européennes. On a pu l’écouter dans différentes formations telles que Me Donner, La Race, ainsi que dans le mythique groupe de rock noise français Headwar. Il a également joué aux côté du groupe norvégien MoE, et des français Sister Iodine.
Romain Simon est également engagé dans l’organisation et la vie des musiques expérimentales et underground en France notamment au sein de la salle de concert l’Accueil Froid Nuke, qu’il a co-fondé à Amiens en 2012, et dont il est toujours co-programmateur. — http://www.batonxxl.bandcamp.com/
Anna Gaïotti
Vit et travaille en Île-de-France.
Anna Gaïotti est chorégraphe, musicienne, écrivaine. Son travail prend corps dans sa relation aux musiques expérimentales, noise / harsh noise / techno, et relate dans ses expériences de vie et de danse les mondes nocturnes qu’elle traverse, ici et ailleurs.
Issue de la performance, elle met en en scène le corps par une écriture qu’elle se fabrique où elle confronte les choix et les non choix, les doutes et les normes, la fiction et la réalité d’une identité personnelle ou commune.
À travers ces spectacles, mais aussi sa pratique autodidacte des claquettes et son approche expérimentale de la musique, elle questionne la fracture entre la musique et la danse en modelant des écritures qui partent de l’expérience du corps sonore et d’un environnement présent, avant qu’elles ne se composent et se figent.
Anna Gaïotti a étudié aux Beaux-Arts de Paris (2003-2009). Suite à sa rencontre avec l’artiste Antonia Baehr, elle se tourne radicalement vers la performance qu’elle relie à l’écriture, au travail de la voix et à son corps. En 2011, elle intègre ESSAI au CNDC d’Angers. Elle est boursière DanceWeb à Impulstanz Wien en 2014. Elle rejoint le groupe Research de P.A.R.T.S à Bruxelles auprès de Bojana Cvejik.
Elle créé le dyptique (soli) Rbel fter m heart et Annus en 2013 au sein du CNDC d’Angers. En 2016, elle collabore avec Nina Garcia au solo Plus de Muse Mais un Troupeau de Muets. En 2018, elle créé Palsembleu avec Thibaut de Raymond.
Anna Gaïotti est membre du groupe vierge noire avec Léo Dupleix et Sigolène Valax. Ensemble, ils créent les performances / spectacles Bal des Laze (2019), Les Antécédentes (2020) et A Kiss Without Lips (2021). Elle joue en duo avec Jean-Luc Guionnet, Pascal Battus (TTTT), intègre l’Ensemble UN en 2019-20. De 2014 à 2020, elle collabore avec Laura Sellies et Amélie Giacomini pour qui elle performe et chorégraphie (installation, films). Elle travaille également auprès de Mark Tompkins, Phia Ménard, Tatiana Julien.
Son travail performatif, musical et de spectacle est soutenu par des lieux tels que la Ménagerie de Verre, la Soufflerie, le GMEM, le Gmea, Kunstencentrum BUDA, la Rose des Vents, Montévidéo, les festivals NEXT, Artdanthé, Bruitisme, Musica, et tourne sur les scènes alternatives en Europe et auJ apon.
Impliquée au sein du Performing Arts Forum, elle y co-organise des évènements ponctuels : Indigo Dance Festival (2014-2016), Circus and Spiral (2017-2019).
Sa poésie est éditée chez l’Échappée Belle. Anna Gaïotti est artiste associée à La Soufflerie. — www.annagaiotti.com
Christophe Cardoen
Né en 1966. Vit et travaille à Grenoble.
Christophe Cardoen réalise et présente des installations lumineuses. Il utilise des lumières, des mouvements, des sons ; fabrique des appareils, des éclairages, des objets, des espaces.
Lors de performances, il joue de la lumière avec des musicien·ne·s et des cinéastes, des acteur·rice·s, des danseur·euse·s, pratiquant l’improvisation.
Il utilise la lumière et l’ombre comme une matière en soi. En associant des dispositifs électromécaniques, des obturateurs ou des surfaces réfléchissantes à des sources lumineuses, il provoque des variations de rythmes, des scansions de lumières vives dans le noir profond et éprouve nos perceptions, visuelles, du temps et des lieux.
Une lumière vivante, organique, qui réagit dans l’instant aux actions au plateau et donne à voir autant qu’elle dissimule.
Résident du Brise Glace de 1995 à 2008, il participe également à l’organisation du 102 à Grenoble de1995 à 2015.
Il est membre de l’ensemble d’improvisation Le Un. Il a collaboré avec nombre de musicien·ne·s : Martine Altenburger, Pascal Battus, Benoit Cancoin, Angelica Castello, Fabrice Charles, Xavier Charles, David Chiesa, Anna-Maria Civico, Michel Doneda, Will Guthrie, Eddy Kowalsky, Thierry Madiot, Lionel Marchetti, Seijiro Murayama, Natacha Muslera, Jérôme Noetinger, Frédéric Nogrey, Lee Patterson, Emmanuel Petit, Marc Pichelin, Anne Laure Pigache, Anne Julie Rollet, Mathieu Werchowski...
Ainsi qu’avec des danseuses, danseurs, comédiennes, comédiens : Marie Cambois, Fine Kwiatkowski, Michel Mathieu, Nanda Mohammad, Michel Raji, Stefano Taiuti, Li-Ping Ting...
Des plasticiennes et plasticiens : Liz Racz, Emilie Ibanez, Miles McKane, Kristof Guez, Stéphane Lempereur, Sebastien Perroux, Christophe Auger, Patrick Bokanowski, Etienne Caire, Djamila Daddi-Addoun, Willehad Grafenhorst, Kamel Maad, Marie Moreau, Lionel Palun, Xavier Quérel, Gaëlle Rouard, Fredérique Roumagne…
Nina Garcia
guitare
Anna Gaïotti
claquettes, danse
Romain Simon
batterie
Jennifer Caubet
sculptures
Christophe Cardoen
lumières
Étienne Foyer
son