« Vivre c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner. »
Georges Perec
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Espèces d’espaces est un essai philosophique paru en 1974.
De l’espace de la page blanche à l’espace du vide sidéral, en passant par l’espace urbain, Georges Perec examine son rapport à l’espace dans toutes ses dimensions.
Sans être narratif, le texte a donné à Philippe Hurel la possibilité de construire une ‘‘petite histoire’’ traitant des choses de tous les jours, de la plus anodine à la plus monstrueuse. Inspiré par l’aisance de Perec à décrire de manière toujours objective - et souvent drôle - les lieux et les choses les plus simples comme les aspects les plus profonds et sombres de l’être, il a écrit une partition vive et pleine de contrastes.
Sur scène, différents « personnages » s’expriment dans un contrepoint nerveux : une chanteuse, un acteur, un écran sur lequel certaines parties du texte sont projetées ainsi qu’un haut-parleur qui fait entendre des bribes de textes pré-enregistrés.
Un spectacle profond et drôle entre la logique descriptive et le surgissement de l’inattendu et de l’inentendu.
Production
Court-circuit
Commande
de l’État, Ministère de la culture
Coproduction
L’atelier lyrique de Tourcoing ; la Compagnie Les endimanchés
Soutiens
Onda ; Sacem ; fondation Ernst von Siemens ; FCL (Fonds de création lyrique) ; Fondation Tissier Grandpierre
En partenariat avec
La Criée – Théâtre national de Marseille
Georges Perec
Auteur
Georges Perec naît à Paris le 7 mars 1936 de parents juifs polonais, tous deux décédés durant la Seconde Guerre mondiale : son père au front en 1940, sa mère ne reviendra pas d’Auschwitz où elle fut déportée en 1943. De l’automne 1942 jusqu’à la fin de la guerre, Perec vécut chez des parents installés à Villard-de-Lans et à Lans-en-Vercors, où l’avait fait venir sa tante paternelle. Adopté par cette tante, il revient à Paris en 1945.
Après des études de lettres, où il rencontre Marcel Bénabou, il devient documentaliste au CNRS et publie ses premiers articles dans Partisans. Il publie son premier roman, « Les Choses », en 1965. Ce roman ‘‘sociologique’’ de facture flaubertienne est couronné par le prix Renaudot. En 1966, il publie un bref récit truffé d’inventions verbales, « Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? », et entre l’année suivante à l’Oulipo, dont il devient l’une des figures majeures. Il expérimente toutes sortes de contraintes formelles : « La Disparition » (1969) est un roman écrit sans la lettre e (lipogramme) ; « Les Revenentes » (1972), où la seule voyelle admise est le e. Son roman le plus ambitieux, « La Vie mode d’emploi » (prix Médicis 1978), est construit comme une succession d’histoires combinées à la manière des pièces d’un puzzle, et multiplie les contraintes narratives et sémantiques. L’œuvre de Perec s’articule, semble-t-il, autour de trois champs différents : le quotidien, l’autobiographie, le goût des histoires. Le jeu est toujours présent, tout comme la quête identitaire, et l’angoisse de la disparition. Georges Perec est mort à Paris le 3 mars 1982.
Philippe Hurel
Compositeur et directeur artistique de l’ensemble Court-Circuit
Né en 1955. Après des études au CRR et à l’Université de Toulouse puis au CNSMDF de Paris, il participe aux travaux de la « Recherche musicale » à l’Ircam 1985/86 - 1988/89. Il est pensionnaire de la Villa Medicis à Rome de 1986 à 1988. En 1995, il reçoit le Siemens Förderpreis à Münich. Il enseigne à l’Ircam dans le cadre du Cursus d’informatique musicale de 1997 à 2001.
Il est en résidence à l’Arsenal de Metz et à la Philharmonie de Lorraine de 2000 à 2002. Il est professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon de 2013 à 2017. Depuis 1991, il est directeur artistique de l’ensemble Court-circuit.
Ses œuvres, sont éditées par Gérard Billaudot et Henry Lemoine, et interprétées par de prestigieuses formations, dir.
P. Boulez, E.P. Salonen, K. Nagano, J. Deroyer, PA Valade, FX Roth, T. Ceccherini, P. Rophé, A. Shokhakimov…
Œuvres notables ces dix dernières années : « Les pigeons d’argile » (opéra, livret T.Viel), Capitole de Toulouse, dir. T. Ceccherini, « Tour à tour » (2008/2015), Festival Manifeste, Philharmonique de Radio-France, dir. J. Deroyer, « So nah so fern I et II » (2015/2021), ensembles Spectra (Gand), Meitar (Tel Aviv), Court-circuit (Paris), « Entre les lignes » (2017) Witten, Arditti quartet, « Quelques traces dans l’air » (2018), J. Comte, clarinette, Philhar-monisches Orchester Cottbus, dir. J. Stockhammer, « Périple » (2019-20), texte de T.Viel, Philharmonie de Paris et Festival Propagations, E. Chauvin, A. Billard et KDM, « Volutes » (2021),
H. Devilleneuve, hautbois, Philharmonique de Radio France, dir. P. Rophé, « Nuit de lune » (2022-23), TAP Poitiers, OCNA, dir. K.Abe, « Chorus » (2023-24), Y. Kim, flûte, Bochumer Symphoniker, dir. TC Chuang, « Soulèvement(s) » (2024), textes de Didi-Huberman, Césaire, Siamanto…, M. Louledjian, soprano, EOC, dir. Bruno Mantovani.
Alexis Forestier
Metteur en scène
Après des études d’architecture, Alexis Forestier participe en 1985 à la création d’un ensemble musical proche de la scène alternative, les endimanchés, groupe de percussions. Après diverses expériences, il se passionne pour les mouvements d’avant-garde et la relation qu’ils entretiennent aux écritures scéniques ; cet intérêt accru pour des formes qui mêlent plusieurs pratiques artistiques le conduit à créer en 1993 la compagnie les endimanchés. Le premier spectacle, « Cabaret Voltaire », est inspiré de l’émergence et des recherches du mouvement Dada à Zürich ; il s’agit d’une adaptation de « La Fuite hors du temps » - journal d’Hugo Ball (1913/1921). Les travaux suivants se concentrent sur les écritures théâtrales retenues à la lisière d’œuvres poétiques comme celle de Henri Michaux dont il monte « Chaînes » (1994), puis « Le Drame des constructeurs » (1997), ou René Char dont il monte « Claire » (1995), puis « Les Transparents » et « La fête des arbres et du chasseur » (1997). En 1998, soucieuse d’interroger le processus de création, les modalités et les contingences qui le déterminent - dans une économie et une logique de fonctionnement limitées -, la compagnie propose le projet « Quatre Terrains préparatoires » qui voit le jour à Gare au Théâtre à Vitry-sur-Seine. Elle présente au cours de la même saison « La Fabrique du Pré » de Francis Ponge, « L’importance d’être d’accord » de Bertolt Brecht, dans une forme opératique réduite à sa plus petite dimension, et « L’Idylle » de Maurice Blanchot.
Suivront les spectacles « Une histoire vibrante », d’après les « Récits et fragments narratifs » de Franz Kafka, puis « Fragments complets Woyzeck » de Georg Büchner. En 2005, après avoir côtoyé la clinique de La Borde durant huit années en tant que stagiaire puis bénévole, il monte « l’Opéra de quat’sous » de Bertolt Brecht avec les patient·e·s et soignant·e·s de la clinique.
Alexis Forestier développe aujourd’hui un travail théâtral qui intègre souvent la présence de musicien·ne·s sur scène, les projets s’apparentent à du Théâtre concert où des registres musicaux très différents se côtoient, s’entrechoquent et se répondent.
Une pratique courante de l’écriture à propos du travail de la compagnie et de l’élaboration des projets (réflexion d’ordre critique et esthétique sur les textes choisis, la scène et la représentation théâtrale) a également donné lieu à de nombreuses publications dans des revues depuis 2003 (Revue Frictions, Revue littéraire Léo Scheer, revue de psychothérapie institutionnelle Institutions, Alternatives théâtrales, Agon, Registres, etc.). Cet ensemble de carnets et cahiers fera l’objet d’une publication où seront regroupés les différents textes sous le titre de Théâtre en éboulis.
Élise Chauvin
Chanteuse, soprano, comédienne
Élise Chauvin débute le chant à l’âge de dix ans en intégrant la Maîtrise de Paris dirigée par Patrick Marco au CRR de Paris puis rejoint en 2006 la classe de Peggy Bouveret à l’École Normale de Musique de Paris et y obtient un Diplôme de Concertiste. Elle intègre l’opéra studio de l’opéra de Lyon à la suite de ses études. Dès sa sortie, Élise Chauvin est engagée comme soliste dans de nombreuses productions, ce qui lui permet d’acquérir très vite une expérience scénique et un grand professionnalisme, et son éclectisme et sa grande ouverture musicale l’amènent à interpréter des rôles très variés. Membre de l’ensemble le Balcon, elle chante dans les œuvres de Karlheinz Stockhausen, Marco Suarez, Peter Eötvös, Fernando Fiszbein, Michaël Levinas…
L’enthousiasme d’Élise Chauvin pour le répertoire contemporain l’amène à participer à de nombreuses créations mondiales dont celles de Philippe Hurel, Salvatore Sciarrino, Diana Soh, Philippe Manouri, Yann Robin…
Repérée en 2010 pour son exceptionnelle présence scénique sur la scène de « l’Opus Opéra » de Philippe Hurel, Élise Chauvin démarre en parallèle une carrière de comédienne.
Elle se produit dans de nombreux théâtres et scènes nationales ainsi que dans des lieux prestigieux comme la Philharmonie de Paris, les Bouffes du Nord, le théâtre Colon en Argentine, l’opéra de Lille, l’opéra de Lyon, l’opéra Comique, l’opéra de Harbin en Chine, le théâtre de l’Athénée, l’opéra de Singapour… Cette saison Élise Chauvin interprète les rôles d’Antigone dans « Le Cri d’Antigone » de Loïc Guénin et Anne Monfort (Arsenal de Metz, Scène nationale et la Friche la Belle de Mai, Marseille), de femme dans le monologue « Papillon Noir » de Yannick Haenel, Yann Robin et Arthur Nauzyciel (Théâtre National de Bretagne de Rennes, La Scala de Paris), d’Alice dans « Alice » de Matteo Franceschini et Edouard Signolet (Théâtre impérial de Compiègne et en tournée). Au côté de Tanguy Viel et Philippe Hurel, elle interprète « Périple » à La Criée de Marseille. (...) Elle interprétera de nombreux concerts la saison prochaine et créera « Carmen Case » de Diana Soh et Alexandra Lacroix avec la Queen Chapel Music Chapel (tournée européenne), ainsi que « Façon Tragique » de Diana Soh et Severine Chavrier au Festival d’Aix-en-Provence (Théâtre des Bouffes du Nord, tournée européenne).
Jean Chaize
Comédien
Né à Gap (Hautes-Alpes) en 1954, Jean Chaize étudie la danse classique à Monaco avec Marika Besobrasova, à Cannes chez Rosella Hightower et à Paris auprès de Youra Loboff. Dans les années 70, il travaille en France et en Espagne avec différent·e·s chorégraphes parmi lesquel·le·s, Georges Golovine, Anne Béranger, Ethéry Pagava, Aline Roux, Lélé de Triana, Luis Ruffo.Depuis 1981, il vit et travaille principalement en Allemagne tout d’abord comme danseur classique au Staatstheater de Kassel et au Nationaltheater de Mannheim.
À partir de 1988, il se tourne vers le Tanztheater et travaille jusqu’en 2000 sous la direction de Johann Kresnik à la Städtische Bühne de Heidelberg, puis au Bremertheater de Brême enfin à la Volksbühne de Berlin.
Son appartenance de 1994 à 2000 à cette scène berlinoise oriente alors nettement son travail vers une activité plus théâtrale que chorégraphique. Il joue alors sous la direction de Christoph Marthaler, Ruedi Häusermann, Frank Castorf, Reinhild Hoffmann, Friedrich Lichtenstein, Luk Perceval, Alexis Forestier, Martin Wuttke, René Pollesch, Christoph Schlingensief, Kristin Groß, Karin Henkel, le collectif She She Pop, Anta Recke et Max Linz.
Jean Deroyer
Chef d’orchestre, directeur musical de Court-Circuit
Né en 1979, Jean Deroyer intègre le CNSMD de Paris à l’âge de 15 ans. Jean Deroyer a été notamment invité à diriger le NHK Symphony Orchestra, le Radio SinfonieOrchester Wien, le SWR Orchester Baden-Baden, le Radio SinfonieOrchester Stuttgart, le Deutsches SinfonieOrchester, les Orchestres Philharmoniques du Luxembourg et de Monte-Carlo, le Sinfonia Varsovia, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre national de Lille, l’Orchestre national de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, l’Orchestre national de Lyon, l’Ensemble Intercontemporain, l’ensemble Modern et le Klangforum Wien dans des salles telles que le Konzerthaus de Vienne, la Philharmonie de Berlin, la Philharmonie de Paris, le Tokyo Opera City et le Lincoln Center à New-York..
En 2010, il crée « Les Boulingrin », opéra de Georges Aperghis puis, en 2012, l’opéra « JJR » de Philippe Fénelon. Il a dirigé l’opéra « Cassandre » de Michael Jarrell avec Fanny Ardant comme récitante, ainsi que « Reigen » de Philippe Boesmans à l’Opéra National de Paris. Il a également dirigé de nombreux concerts et enregistré avec le BBC Symphony Orchestra et le RTE National Symphony Orchestra.
Par ailleurs, il enregistre de nombreux disques avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et l’Orchestre National d’Ile-de-France pour des labels tels que EMI Music et Naïve ou pour Radio-France. Jean Deroyer est directeur musical de l’ensemble Court-circuit depuis 2008 et chef principal de l’Orchestre de Normandie depuis 2014.
Court-Circuit
Ensemble
Créé en 1991 par le compositeur Philippe Hurel et le chef d’orchestre Pierre-André Valade, Court-circuit s’affirme d’emblée comme un ensemble de premier ordre. Son engagement toujours fort en faveur de la création musicale contemporaine est le ciment véritable de l’ensemble et c’est aux musicien·ne·s et à leur chef Jean Deroyer que Court-circuit doit son identité nerveuse, rythmique, incisive.
Plus que jamais fidèle à la forme « concert », Court-circuit est invité par les institutions et les festivals français et internationaux les plus prestigieux (Ircam, Radio-France, Fondation Royaumont, Printemps des arts, Biennale de Venise, Musica, Traiettorie, Musica Electronica Nova, June in Buffalo, Montréal Musiques Nouvelles, December nights S. Richter, soundfestival...).
Par ailleurs, Court-circuit s’implique dans de nombreux projets pluridisciplinaires (opéra, ciné-concert, danse, …). Après avoir collaboré avec l’Opéra de Paris pour des créations chorégraphiques, l’ensemble crée des opéras de chambre en partenariat avec le Théâtre des Bouffes du Nord, l’Opéra comique et l’Opéra de Massy-Palaiseau. Court-circuit affirme son intérêt pour la transmission et la médiation en collaborant régulièrement avec des conservatoires, l’institution scolaire et des structures à vocation sociale. À partir de 2012, l’ensemble s’implante dans les Hauts-de-Seine où il mène un travail de territoire, particulièrement dans la ville de Courbevoie où il est en résidence depuis 2021.Aux côtés des ensembles 2e2m, Cairn, Multilatérale et Sillages, Court-circuit fonde en 2020 le festival Ensemble(s), espace d’expression des musiques de création.
La discographie de Court-circuit est riche d’une quinzaine d’enregistrements qui ont été distingués par de nombreuses récompenses.
Court-circuit reçoit les soutiens de la Drac Île-de-France-Ministère de la Culture, de la Région Île-de-France, de la Sacem, de la Copie Privée, de la Spedidam, de la Ville de Paris, de la Ville de Courbevoie, du Centre National de la Musique et de la Maison de la Musique Contemporaine. L’ensemble reçoit le soutien de la fondation Mécénat Musical Société Générale à partir de 2024.
« Pour son premier opéra, Philippe Hurel a réalisé un coup de maître. »
— ResMusica, Franck Langlois
« La musique de Hurel témoigne d’une compréhension profonde de ce même texte, doublée d’une joie sans mesure. Indubitablement sensible à l’humour de l’oulipien, ainsi qu’à ses blessures intimes, Philippe Hurel a écrit une partition absolument magnifique qui, en même temps qu’elle souligne le verbe, esquisse un même projet d’épuisement de l’espace musical. »
— Mouvement, Jérémie Szpirglas
La Criée - Théâtre National de Marseille
30, quai de Rive Neuve13007
Marseille
TARIF LA CRIÉE
Plein : 14€
Réduit : 9€ et 6€
- 12 ans : 6€
DURÉE
1h15
Philippe Hurel
composition
Georges Perec
texte
Jean Deroyer
direction musicale
Court-circuit
ensemble composé de
Anne Cartel
flûte
Sylvain Faucon
hautbois
Pierre Dutrieu
clarinette
Marin Duvernois, Félix Roth
cor
Pascal Contet
accordéon
Ève Payeur
percussion
Jean-Marie Cottet
clavier
Alexandra Greffin-Klein
violon
Laurent Camatte
alto
Frédéric Baldassare
violoncelle
Didier Meu
contrebasse
Alexis Forestier
mise en scène
Evi Kalessis
vidéo
Élise Chauvin
soprano
Jean Chaize
comédien
Alexis Baskind
informatique musicale
Etienne Démoulin
diffusion sonore
Ruben Trouillet
création lumière