Résidence d'enregistrement.
Résidence dans le cadre des Phonurgia Nova Awards 2024.
C’est l’histoire d’un documentaire sonore brusquement interrompu. Sur le tournage de « Ficelle », je creusais frontalement la question de la chasse avec mon frère. Je faisais de la découverte d’un massacre de cerf l’ossature de mon histoire dont la chair, les muscles et les organes étaient composés de mes voix intérieures. Mais voilà, la dernière semaine de tournage Mathias me met dehors en m’hurlant ; « Maintenant tu dégages et tu refous plus jamais les pieds ici ! ».
Au chevet de ce corps sonore en décomposition, je commence un travail d’enquête sur les causes du décès. Le rapport d’autopsie est sans équivoque, l’arme du crime, c’est ma voix. Ça ne va pas du tout ces mots trop ajustés, ce côté maitresse d’école, ces intonations claires et tranchantes.
Comme on se fait refaire la poitrine, je veux une nouvelle voix. Je convoque donc des spécialistes dans un studio d’enregistrement : une ingénieure du son, un orthophoniste, un spécialiste des musiques vocales populaires et une coach vocal. Ils débusquent avec moi les complices cachés dans mes inflexions. Une réclame dit qu’ « affirmer sa voix, c’est affirmer sa personnalité ! » mais moi ce que je désire c’est affirmer mes personnalités, c’est exprimer des harmonies dissonantes. On sera à la croisée du développement personnel, des vocalises et de la voix politique.
Résidence dans le cadre des Phonurgia Nova Awards 2024.
Soutiens
Sacem ; GMEM
Sonia Cabrita
réalisatrice
« Je suis née en banlieue parisienne le 5 aout 1976. C’est la sécheresse. Les vaches mangent la terre. Des paysans se suicident. Ma mère a 18 ans, elle m’allaite et tire son lait nourrissant ainsi plusieurs prématurés. Le médecin arrive, suivi par sept jeunes internes. Sans un mot, sans un regard pour elle, il soulève sa blouse et leur présente « les mamelles de la France »
Je réalise des documentaires sonores, j’anime des ateliers de création radiophonique, notamment de fiction collective, je fomente des émissions avec des radios associatives et je programme des séances d’écoute avec un gout prononcé pour le plein air, la rue, les rives d’un lac, les sous bois et pour les dispositifs d’écoute à la croisée du salon d’écoute et de la fête foraine.
Je m’intéresse aux petits faits vrais et troublants, aux formes de narration cultivant le trouble entre documentaire et fiction et je cherche à matérialiser en sons ce qui nous relie dans le non verbal. » — Sonia Cabrita
Sonia Cabrita
réalisatrice
Karine Tisseyre
ingénieure du son