Dans la cadre du Festival B!ME, édition 2024 du Grame, CNCM de Lyon
J’ai toujours considéré le piano comme un corps, un organisme. J’ai toujours voulu savoir ce qui se passait à l’intérieur, quelle était cette machinerie, puissance inquiétante roulant et grondant sous son coffre de bois. Au souvenir des paroles de mes professeurs qui me disaient comment l’apprivoiser (on a d’ailleurs été éduqués comme des machines à chercher la précision du geste…), je ressens un intense enjeu. Je souhaite réaliser depuis longtemps une création qui aurait au cœur de son objet cette machine, cette masse, son intensité, ses mécanismes. Dans le même temps, je voudrais à travers elle interroger ce « corps à corps » qu’elle livre à la machine humaine pour faire œuvre sonore.
Pianomachine procède d’une recherche organologique que j’ai menée avec des étudiant·e·s ingénieur·e·s de l’Insa de Lyon, puis avec le collectif Sonopopée (Vivien Trelcat, Max Lance, Nicolas Canot). Elle a donné lieu à la création d’un instrument hybride où des modules robotisés (percuteurs, résonateurs, masses rebondissantes…) sont greffés dans le corps du piano et agissent sur les cordes et la structure. L’instrument est conçu comme une extension de la puissance d’agir de l’interprète. Le « performeur machines » agit sur le piano, déclenche les mouvements des machines, joue avec l’instrumentiste et spatialise le son en multipliant les effets : miroir déformant, dédoublement, jeu d’orchestration, hétérophonie…
Le corps à corps, c’est par nature aussi bien celui d’une lutte que celui du désir, de la sensualité et du plaisir, l’union des amants. Mais c’est surtout celui qui relie les machines et les hommes depuis des siècles. Car il s’agit de faire entrer en résonance ces deux corps : l’humain et l’instrument, de parler de l’intérieur et de l’extérieur, de ce qui est donné à voir et à entendre et de ce qui ne l’est pas. Un dialogue va se nouer entre les deux « sujets » sur le mode d’une performance à travers des échanges sonores, verbaux, gestuels, dans une sorte de récit visuel.
Production déléguée
GMEM — Centre national de création musicale
Coproduction
La Muse en Circuit - CNCM Alfortville, Fondation Royaumont
Soutien
Centre National de la Musique, Fonds SCAN Région Auvergne-Rhône-Alpes, DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
Partenariat
INSA Lyon, SCAM Brouillon d'un rêve - Pierre Schaeffer, Malraux Scène Nationale (Chambéry Savoie) , Saint-Ex, culture numérique – Reims, Césaré-CNCM (Reims), Petit Faucheux
Claudine Simon développe un travail de création sonore qui s'attache à expérimenter la lutherie et les capacités du piano. Elle conçoit des performances qui lui permettent d’interroger son rapport à l'instrument en déconstruisant les représentations qui lui sont associées.
Vivien Trelcat est compositeur et interprète. Dans un rapport immédiat avec les machines musicales des années 80-90 et les guitares, il consacre son enfance à l’exploration empirique des sons électriques et électroniques. Il étudie la musique et la composition électroacoustique à l’UFR de Musicologie de Reims auprès de Jean Luc Hervé et Jean Marc Chouvel, puis à l’atelier de création de Césaré avec Christian Sebille avant de terminer sa formation à l’IRCAM.
Théâtre de La Renaissance (69)
7 rue Orsel69600
Oullins
Claudine Simon
conception, pianiste performeuse
Vivien Trelcat
lutherie informatique, performeur machines
Vivien Trelcat, Maxime Lance, Nicolas Canot (collectif Sonopopée)
développement et design machine
Pauline Simon
regard chorégraphique
Franck Lemonde
dramaturge
Jacques-Benoît Dardant
lumières, scénographie, régie générale