lovemusic propose avec Protest of the Physical, une performance en quatre tableaux. Les corps des musiciens n’y sont pas simplement des véhicules pour l'exécution instrumentale mais complètement engagés dans une physicalité expressive. Ils sont à la fois intrinsèquement liés à la musique et à ses exigences physiques, et servent de faire-valoir pour souligner la façon dont le geste façonne notre expérience d'écoute.

En intégrant des artistes issus de différentes disciplines au processus créatif, en repensant le rôle du public et en revendiquant le corps comme un puissant outil de communication, les interprètes du collectif affirment ainsi avec audace leur identité singulière de performeurs.

Notes d'intention
Dans Protest of the Physical, lovemusic poursuit une exploration approfondie du corps en tant que source et vecteur essentiel de la création musicale. Ce nouveau projet inclut trois nouvelles œuvres créées pour les musiciens du collectif, dans lesquelles le geste, le son et la perception s’entrelacent pour proposer une expérience incarnée.

hands, drum - three bones — 12 min. (2025)
Nik Bohnenberger
pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, guitare électrique, électronique, vidéo et participation du public
Création, commande la Philharmonie Luxembourg pour lovemusic

Dans hands, drum - three bones c’est le public qui s’engage physiquement et corporellement dans l'écoute de la musique. Nik Bohnenberger propose une musique qui dialogue avec un dispositif immersif dans lequel le public est invité à agir physiquement sur sa propre écoute. En couvrant ou orientant leurs oreilles, les spectateurs influencent leur perception des sons, révélant ainsi l’activité sonore du corps. L’oreille n’est plus un simple récepteur, mais un acteur vibrant de l’expérience musicale.

In die Ferne, dem Berg zu — 15 min. (2025)
Annette Schlünz,
Anne-Hélène Kotoujansky
pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, guitare électrique et gestes chorégraphies
Création, Commande de lovemusic

In die Ferne, dem Berg zu est née d’une collaboration, proposé par lovemusic, entre la compositrice Annette Schlünz et la chorégraphe Anne-Hélène Kotoujansky. Une mer intérieure, des corps à la dérive : Cette nouvelle pièce creuse l’espace de la douleur, de la perte, de ce qui ne se dit pas, interrogeant ce que produit un corps en tension, en silence, en résistance. La pièce prend forme à travers un processus de dialogue, d’échange de gestes et de sons. Les musiciens de lovemusic deviennent acteurs d’un mouvement commun, chacun engagé corporellement dans l’espace, seul ou en groupe. Sons visibles, gestes muets, matière sonore et matière physique s’entrelacent. Des pierres sont manipulées, déplacées : symboles de ce qui pèse, de ce qui reste. Des marques sur le sol, comme autant de repères posés pour ne pas se perdre. In die Ferne, dem Berg zu traverse des états de fuite, de séparation, d’éloignement. Ce qui nous est cher finit par nous échapper. La lumière recule. Le corps encaisse. Mais c’est précisément dans cette désorientation que peut surgir un langage. Non pas celui des mots, mais celui du faire : une tension, un souffle, un frottement. Une résonance. Une tentative de transformation.

Seed – 15 min. (2025)
Bethany Younge
pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, guitare électrique
Création, Commande de lovemusic

Avec Seed de Bethany Younge le mouvement prend une place centrale dans une partition entièrement chorégraphiée. Les interprètes miment leurs instruments à travers une série de gestes intenses et décalés, tissant un réseau de présences physiques et sonores où le souvenir et la transformation du corps sont à l’œuvre. Ce n’est qu’après cette traversée gestuelle, qu’ils jouent réellement leurs instruments : un moment de bascule où l’identité sonore et corporelle se cristallise.

[iɱˈfɛrno] (extrait de : MAPPA) Contrapasso I – V (à Wladimir Poutine / Sergej Lawrow)
Helmut Oehring — 15 min. (2022)
pour flûte basse, clarinette basse, violoncelle, guitare électrique et bande
Commande de lovemusic et le festival klangwerkstatt (Berlin)

Écrit pour lovemusic en 2022 pour leur projet Talking Music, [iɱˈfɛrno] (from: MAPPA) Contrapasso I – V de Helmut Oehring s’inspire de La Divine Comédie de Dante, et plus particulièrement du concept de Contrapasso, où chaque péché est puni en écho à sa nature. Cette pièce en cinq parties alterne passages instrumentaux et séquences où les quatre musiciens performent une gestuelle signée, une langue des signes poétique développée par le compositeur, pour qui la langue des signes est sa langue maternelle. Cette œuvre interroge les dimensions politiques, émotionnelles et symboliques du langage, du corps et du son dans un contexte contemporain marqué par la guerre.