Pièce mixte pour électronique, deux percussionnistes et six haut-parleurs vibratoires
Concept inventé par le biologiste et philosophe allemand Jakob von Uexküll, l’Umwelt (ou monde propre) désigne l’ensemble des processus sémiotiques (créateurs de « sens ») d’un organisme.
Le monde propre d’un organisme est donc la somme des expériences issues de ses parties fonctionnelles lui permettant d’appréhender le monde (nos cinq sens pour l’être humain). Pour survivre, chacune de ces parties fonctionnelles doit agir de concert. Cette expérience commune, propre à une espèce donnée, est appelée l’Umwelt collectif. Si quelque chose vient perturber cette vision unifiée du monde, l’organisme en sera directement affecté. Lorsque ces perceptions sont synchrones, l’organisme développe des actions orientées vers un but et des comportements intentionnels.
La pièce mixte (en temps différé) se propose d’établir une relation entre différents milieux acoustiques, celui de l’instrument — en l’occurrence ici d’un ensemble de percussions- et de l’électronique (sons de synthèse).
La proximité des auditeurs avec les sources acoustiques non amplifiées impliquent une position d’écoute particulière et privilégiée. La recherche d’une symbiose (aussi bien mutualiste que parasitaire) entre les différents espaces sonores est ici l’enjeu principal. Le fait d’établir un lien entre les sons de synthèse (analyse de leurs morphologies) et le corps résonnant de la batterie dans son espace propre (non amplifié) peut permettre de donner forme à l’exploration d’un temps dilaté et ainsi rendre sensible le plus petit degré de changement entre un geste et un son. Par ailleurs, les haut-parleurs vibratoires appliqués directement sur les cymbales ou sur les peaux entrent en résonance avec les instruments en s’affranchissant du geste du musicien.
Nous avons souhaité aborder la composition de manière suggestive afin de ne pas donner une simple illustration à des concepts chargés de nos propres projections. Pour cela, une attention particulière est portée à la phénoménologie de la perception dans le rapport qu’entretiennent les auditeurs avec le dispositif de diffusion (Position d’écoute). Ces processus compositionnels (liés à la musique accousmatique d’une manière générale mais aussi à certaines préoccupations de la musique spectrale) nous permettent d’aborder la musique en dehors de toutes structures définies à priori.
C’est donc une approche organique de la forme par auto-engendrement des sons, où l’observation attentive des phénomènes se mêle à la contemplation du vivant. Attitude qui consiste, finalement, à modifier sans arrêt ses propres points de vue sur le monde.
Production déléguée
GMEM — Centre national de création musicale
Coproduction
Mujo
Né à Annecy en 1982. Après des études musicales, notamment de clarinette et de batterie, il découvre la musique de Pierre Schaeffer. Un champ des possibles s’ouvre dès lors tout autant avec les outils électroniques que des instruments traditionnels.
DURÉE
45 min.
Bertrand Wolff
musique
Damien Ravnich
percussions, batterie
François Rossi
percussions, batterie