Objet de la résidence : création, enregistrement, recherche, expérimentations sonores
Au centre de la Sardaigne, dans différents villages du territoire de la Barbagia, vivent bien ancrées des traditions étranges et archaïques.
Pratiqués par les habitant·e·s, d'anciens cultes, représentent un rapport intense et brutal que l’homme entretient avec le sauvage et portent une valeur mystique, spirituelle et sacrée, dans un but cathartique et libératoire.
Ces costumes appartiennent à un temps qui ne nous appartient pas, se masquer est un destin, le trait d’union d’une relation inquiétante entre l’être-animal et la divinité ; porter un masque signifie se métamorphoser sous la forme d’une entité autre.
Le menaçant et le perturbant que produisent ces masques n’ont pas pour fonction de faire peur à l’autre, mais de provoquer une relation avec l’autre. Les habitant·e·s de cette région utilisent l’expression Animas pour définir quelque chose qui n’a pas de temps, de corps, des fois inquiétante, sauvage, ce qui est spécifiquement non-humain et sert à vivre une expérience.
En février, Andrea Graziosi et Raphaële Dupire sont partis pour dix jours intenses en Barbagia pour participer aux sorties rituelles des Animas. Ils en ont documentés les aspects sonores : enregistrer des souffles, tenter de capter l'âme des masques, glaner des corps sonores.
Cette résidence a pour objet de redéployer ces enregistrements hors contexte, de les trier, les mettre en lien. Un temps dédié à l'écoute avant de chercher à écrire, à faire dialoguer, s'entretenir ou se répondre les enregistrements dans un dispositif scénographié.
Commande & production
GMEM — Centre national de création musicale
Aide à la commande et à la production de concert musique 2023
La Sacem
Andrea Graziosi
photographe, porteur du projet et directeur artistique
Né en 1977, Andrea Graziosi a grandi à Loreto, un village du centre de l’Italie, l’un des lieux spirituels et de pèlerinage les plus visités d’Italie. Entre le milieu des années 90 et 2004, il a apporté ses recherches et ses expériences artistiques dans la culture underground, s’impliquant dans plusieurs projets collectifs dédiés à la diffusion des arts expérimentaux.
En 2004, il termine ses études universitaires en Lettres et Philosophie, avec une thèse sur la représentation de «La transgression de l’image» dans la photographie des années 90, avec mention spéciale du jury, à l’Université de Bologne. Entre 2004 et 2010, il vit entre Strasbourg et Paris en travaillant dans le domaine de l’image sur de nombreux films de fiction cinématographique, des publicités, des clips musicaux.
En 2010, Andrea Graziosi décide de se reconvertir dans la photographie après une formation à l’École de l’Image aux Gobelins. Depuis, il travaille en tant que photographe indépendant et développe ses projets photographiques en parallèle des commandes. Ses recherches se font autour des corrélations que l’être humain entretient avec d’autres formes de vie ; évoquant et travaillant sur des notions ontologiques liées aux concepts de devenir animal, de dimensions parallèles, de fracture, d’étrangeté, il vise à réaliser des oeuvres photographiques, dans lesquelles la place de l’objet imprimé est déterminante.
En 2015, a publié son premier livre, Nunc Stans - La Sainte Victoire, aux éditions André Frère. Actuellement, il travaille sur trois nouveaux projets d’édition.
Raphaële Dupire
artiste sonore, compositrice
Raphaële Dupire est une artiste pluridisciplinaire française née à Paris en 1986 et vivant actuellement à Marseille. Elle élabore son travail de la rencontre des arts sonores et de la représentation. Elle est compositrice, improvisatrice et performeuse. La collaboration est à ses yeux un moyen privilégié de créer en s'émancipant des limites esthétiques des genres.
Son travail s'exprime sous de multiples formes allant du son fixé (pièces de concerts, son à l’image, radiophonie) en passant par l'improvisation, la performance, l’interprétation spatialisée et l’installation. Elle travaille comme bruiteuse et preneuse de son pour le cinéma et la radio et comme compositrice pour les arts vivants. Elle affectionne particulièrement de penser le son comme un vecteur dramaturgique et relationnel.
En parallèle, Raphaële intervient au sein de diverses structures comme pédagogue. Elle y propose l'expérimentation de processus de création collective et de jouer des partitions pluridisciplinaires.
Andrea Graziosi
photographe, porteur du projet et directeur artistique
Raphaële Dupire
artiste sonore, composition et conception de l'installation sonore
Emmanuel Germont
ingénieur du son, prise de son
Jade Hennequin
documentation du projet