Initiée en 2020, la collection de l’Ircam intitulée Musiques-Fictions propose une expérience à la fois littéraire et sonore inédite, associant un texte contemporain à une création musicale, dans un dispositif de diffusion immersif....
Installé·e sous le dôme de diffusion ambisonique de l’Ircam composé de 49 haut-parleurs, reconstitué dans le Module du GMEM, l’auditeur·rice est convié·e à une écoute où l’imagination est sollicitée par un environnement sonore aux possibilités expressives étendues permettant de reproduire une situation d’écoute proche de celle du monde réel, de la grande scène spectaculaire aux plus infimes détails du discours intime.
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Cette Musique-Fiction intitulée « Nostalgie 2175 » raconte la suite d’une catastrophe survenue en 2101... La température sur terre atteint 60 degrés, les humains ne peuvent plus vivre sans tenue de protection et les femmes ne peuvent plus enfanter sans perdre la vie.
Alors qu’elle est amoureuse de Tashko, dont le corps entièrement brûlé ne peut plus être touché, Pagona se retrouve enceinte d’un autre homme.
Cette dystopie, un monde turbulent et violent, est la base du dialogue entre la metteuse en scène et traductrice Anne Montfort et la compositrice Nuria Giménez-Comas.
Coproduction
Ircam-Centre Pompidou, compagnie day-for-night
Soutiens
Sacem ; CNM
D’après
« Nostalgie 2175 » d’Anja Hilling (2017) © Éditions Théâtrales
En partenariat avec
la Friche la Belle de Mai
« Le texte d’Anja Hilling, est très connecté au monde sonore, c’est aussi un texte très poétique qui m’impressionne fortement et qui traite de la capacité d’adaptation de l’être humain, après une catastrophe écologique mondiale… Ce nouveau format immersif nous permet de travailler sur une construction de la dramaturgie sonore dans le temps et dans un espace tridimensionnel très riche. Un axe de travail important est la présence du désir et l’intensité des relations dans un monde dystopique où il deviendrait impossible de se toucher. Un monde fait de peaux synthétiques, parallèle à une nostalgie des espaces naturels, qui s’édifie après cette catastrophe qui change totalement les conditions de vie. Je souhaiterais traiter ces idées en opposant des sons synthétiques et sons acoustiques.
Des recherches sonores me paraissent essentielles : d’un côté un travail sur la lumière et la chaleur comme métaphores du bouleversement, de la perte, de la nostalgie. De l’autre, une prise en compte de l’impossibilité du toucher. »
— Núria Giménez-Comas
« J’ai toujours aimé travailler l’alliance de la littérature et de la musique. La forme de la musique-fiction est particulièrement stimulante car elle propose une nouvelle façon d’articuler le texte, la musique et l’espace. Il est enthousiasmant de penser avec la compositrice Núria Giménez-Comas une conduite de la fiction, des événements, des accélérations, des bouleversements, pris en charge à la fois par la musique et par les textes. Dans ce monde de 2175, les êtres ne peuvent se déplacer à l’air libre sans combinaison de protection : le corps est absent mais objet de désir permanent ; le texte, très visuel, travaille sur des images, la référence au cinéma est permanente. La musique-fiction permet de travailler la sensualité de la voix, en sollicitant, par la composition sonore, l’imaginaire du spectateur·rice.
Le texte d’Anja Hilling obéit à un système dramaturgique assez précis, alternant un récit poétique, adressé par Pagona à son enfant qui va naître, et des flash-backs racontant l’histoire du trio formé par Pagona, Posch et Tashko. L’enjeu est donc de “ traduire ” ensemble ce dispositif et de penser une dramaturgie commune au texte et à la musique, en plongeant le spectateur·rice dans un véritable rapport de proximité à la voix, comme “in utero” et en spatialisant les scènes, avec différents codes de jeu, des instruments qui se font le relais des personnages, des tableaux qui se font bande-son, avec une musique, qui, comme en 2175, recrée la nature à partir du synthétique, et fait entendre la peau. »
— Anne Monfort
Anja Hilling
Écrivaine
Née en 1975 à Lingen, Anja Hilling compte parmi les auteur·rice·s dramatiques allemand·e·s les plus brillant·e·s de sa génération. Son œuvre, traduite dans plusieurs langues, connaît un succès public et critique international. Après des études littéraires et théâtrales, elle est admise à l’université des Arts de Berlin où elle poursuit, de 2002 à 2006, le cursus écriture scénique, tout en travaillant dans un bar. Sa première pièce, « Sterne » (« Étoiles », 2003), lui vaut une invitation au Theatertreffen, les rencontres théâtrales de Berlin, et le Prix du meilleur espoir des écritures dramatiques de la Dresdner Bank. La même année, elle est accueillie en résidence d’écriture au Royal Court Theatre de Londres. Sa pièce suivante, la tragi-comédie « Mein junges idiotisches Herz » (« Mon cœur si jeune si fou »), est invitée en 2005 aux Mülheimer Theatertage dans une production du Kammerspiele de Munich.
La même année, Anja Hilling est désignée par la critique Jeune autrice de l’année dans le magazine Theater heute.
Núria Giménez-Comas
Compositrice
Núria Giménez-Comas étudie le piano, puis les mathématiques, avant de s’orienter en 2006 vers la composition à l’Esmuc (Escola Superior de Musica de Catalunya, Barcelone). Elle se forme auprès de Christophe Havel qui la confronte d’emblée à l’électroacoustique pure et à l’importance du travail du timbre, que ce soit l’expansion timbrique et harmonique, la cohésion timbre / harmonie ou l’interaction, de l’informatique et de l’instrumentiste. Pendant cette période, elle suit également les séminaires de composition de Helmut Lachenmann, Michaël Levinas et Klaus Huber. Dans le cadre de son mémoire de Master, elle s’intéresse à la recherche sur la perception sonore et développe une réflexion sur les concepts d’image sonore et de masquage. Attirée par le travail des images et la pluridisciplinarité, elle participe en 2012 à l’atelier In Vivo-Video de l’Académie ManiFeste. De 2012 à 2014, elle suit le Cursus de composition de l’Ircam. Dans ce cadre, elle réalise des projets sur la synthèse par modèles physiques et un projet sur les scènes sonores avec le système de spatialisation en 3D Ambisonics. En 2017 et 2018, elle intègre le programme de résidence en recherche artistique de l’Ircam en collaboration avec ZKM, ce projet collaboratif de recherche mené avec Marlon Schumacher explore et développe la notion de sculpture spatiale en 3D avec un travail sur la synthèse de textures.
Anne Monfort
Metteuse en scène
Après des études littéraires (École Normale Supérieure, doctorat), Anne Monfort décide de se tourner vers la mise en scène et se forme notamment auprès de Thomas Ostermeier. Elle monte ses premiers spectacles, à partir de textes de l’auteur allemand Falk Richter, qu’elle traduit également : elle met en scène « Dieu est un DJ » en 2002, « Tout. En une nuit. » en 2005, puis « Sous la glace » en 2007 et « Nothing hurtsen » en 2008. Elle cherche à faire connaître en France cet auteur, puis continue à l’accompagner sur ses mises en scène francophones (« Jeunesse blessée » au Théâtre National de Bruxelles, « My secret garden », en collaboration avec Stanislas Nordey) et traduit l’intégralité de son œuvre. Elle travaille aussi sur des montages de textes, comme « Laure », d’après Colette Peignot (Granit, Paris Villette), ce qui lui permet de questionner une dramaturgie très en lien avec le plateau, proche de la performance. De 2007 à 2011, elle est artiste associée au Granit-Scène nationale de Belfort, ce qui lui permet de concilier un travail de fond avec les publics, une connaissance de la structure et de son fonctionnement, ainsi qu’un espace de création et de développement de sa ligne artistique. Anne Monfort commence alors à travailler sur sa propre écriture, en lien avec des formes plastiques.
Ainsi naît « Next Door », forme investissant des appartements vides à partir de principes de films de Godard et adaptant librement des textes de Balzac et Ulrike Meinhof.
À partir de ce travail, Anne Monfort poursuit sa recherche de formes pluridisciplinaires sur l’expression de l’intime et du politique, en écrivant des textes spécifiques pour ses formes scéniques.
Friche la Belle de Mai (le Module)
41, rue Jobin13003
Marseille
TARIFS
Plein : 8€
Réduit : 6€ *
* Jeunes 12 — 25 ans, étudiant·e·s, demandeur·euse·s d'emploi, bénéficiaires des minima sociaux, intermittent·e·s, séniors de 65 ans et plus — sur justificatif.
Pass Musiques-Fictions * : 10€
* (donnant accès à deux séances dans la même journée : Musique-Fiction 1 du Ven. 09 mai | 16h00 + Musique-Fiction 10)
DURÉE
1h00
Anja Hilling
texte
Núria Giménez-Comas
musique et réalisation
Anne Monfort
adaptation
Jérémie Bourgogne
ingénierie sonore
Jean-Claude Berutti,
Silvia Berutti-Ronelt
traduction
avec les voix de
Judith Henry
(Pagona)
Thomas Blanchard
(Tashko)
Jean-Baptiste Verquin
(Posch)
musique enregistrée
l’Instant Donné
composé de
Mayu Sato-Brémaud
flûte
Mathieu Steffanus
clarinette