Initiée en 2020, la collection de l’Ircam intitulée Musiques-Fictions propose une expérience à la fois littéraire et sonore inédite, associant un texte contemporain à une création musicale, dans un dispositif de diffusion immersif.... Installé·e sous le dôme de diffusion ambisonique de l’Ircam composé de 49 haut-parleurs, reconstitué dans le Module du GMEM, l’auditeur·rice est convié·e à une écoute où l’imagination est sollicitée par un environnement sonore aux possibilités expressives étendues permettant de reproduire une
situation d’écoute proche de celle du monde réel, de la grande scène spectaculaire aux plus infimes détails du discours intime.
—
Cette Musique-Fiction 2 intitulée « Sur la trace de Nives » présente Erri De Luca parlant avec l’alpiniste italienne Nives Méroi, qui s’est fait la promesse d’arpenter les quatorze sommets les plus hauts de la planète. Sans aucun porteur, sans oxygène artificiel.
Il·elle·s sont dans une tente, posée sur un palier d’ascension du Dhaulagiri, le septième plus haut sommet du monde, dans la chaîne de l’Himalaya.
Il·elle·s ouvrent le crépuscule d’un dialogue autour de la lecture de la Bible et de la pratique de l’escalade.
Production
Ircam — Centre Pompidou
D’après
« Sur la trace de Nives » d’Erri De Luca (2005) © Éditions Gallimard
En partenariat avec
la Friche la Belle de Mai
Erri De Luca
Écrivain
Né à Naples en 1950, Erri De Luca, né Henry De Luca, est un écrivain, poète et traducteur italien. D’origine bourgeoise, il est destiné à une carrière de diplomate. Il s’y refuse, rompt avec sa famille et en 1968, embrasse le mouvement de révolte ouvrière. Homme de convictions, il s’engage dès la fin de ses études secondaires dans la vie politique de son pays, rejoignant le mouvement d’extrême gauche « Lotta continua » dont il sera membre actif de 1969 à 1980. Sans véritable formation, il travaille comme ouvrier non qualifié dans différentes villes et pays, puis décide de s’engager dans des missions humanitaires en Afrique et en Bosnie. C’est à ce moment-là qu’il découvre la Bible, se passionne pour l’Ancien Testament, et décide d’apprendre l’hébreu pour mieux en apprécier la teneur. Ayant également étudié le yiddish, il traduit des textes de poètes juifs rédigés dans cette langue en voie de disparition pour leur permettre de passer à la postérité. Son premier roman « Non ora, non qui » paru en Italie en 1989, est publié en France tout d’abord aux éditions Verdier sous le titre « Une fois, un jour », puis chez Rivages en 1994 sous un titre plus fidèle à l’original : « Pas ici, pas maintenant ». Parmi les ouvrages qui ont suivi on peut citer les romans « Acide, arc-en-ciel » (1994), récompensé par le Prix France Culture, ou « Montedidio » (2002) qui a obtenu le Prix Fémina étranger. On retiendra également « Le jour avant le bonheur » (2010) dans lequel il reprend tous les thèmes qui lui sont chers (l’enfance et ses difficiles apprentissages, l’amour, l’exil, et sa ville de Naples) et « Le poids du papillon » (2011) inspiré par son amour pour la montagne. Ses essais sont inspirés par ses lectures quotidiennes de la Bible, tels « Un nuage comme tapis » (1994), « Noyau d’olive » (2004), « Comme une langue au palais » (2006) ou « Au nom de la mère » (2009).
Il écrit également des articles pour de grands journaux italiens, tels La Repubblica, ou il Corriere della Sera.
Laëtitia Pitz
Metteuse en scène, actrice
Laëtitia Pitz, metteure en scène, actrice et fondatrice de la compagnie Roland furieux, a développé son travail scénique en accordant une attention particulière aux ressources du monde sonore. Le tressage de la littérature avec la création musicale est désormais l’axe fort de sa démarche, laquelle met l’écoute au centre de ses projets. Ses dernières créations sont L’Au-delà de Didier-Georges Gabily, Sauve qui peut (la révolution) d’après Thierry Froger et Perfidia, texte qu’elle a écrit pour être dit.Ce sont les rencontres avec des musiciens inventeurs de sons comme Xavier Charles, qui ont favorisé cette heureuse évolution. Ensemble, ils ont créé « Mevlido appelle Mevlido » d’après Antoine Volodine et « Les Furtifs » d’après Alain Damasio. À propos de l’adaptation de « Sur la trace de Nives », Laëtitia Pitz précise : ‘‘Erri De Luca est un être agité par l’époque, il a pris des engagements inévitables. La lecture de ses livres est pour moi des étincelles de bonheur.
« Sur la trace de Nives » est une descente dans la nuit et une remontée vers le jour. Erri De Luca monte en montagne.
Il dit avoir lu dans un vers de la poète russe Marina Tsetaeiva, qu’au-delà de l’attraction terrestre, il y a l’attraction céleste. C’est une révélation, c’est la découverte d’une force qui pousse du bas vers le haut. Dont la manifestation la plus robuste sont les montagnes.’’
Dans ce lieu de frontière entre ciel et terre, les récits d’altitude de Nives sont une trame où se tissent les réflexions et souvenirs de Erri De Luca. Ce qui relie ces deux voix au-delà de cette profonde amitié, c’est que gravir, pour elles, c’est avancer en expérience. Laëtitia Pitz et Xavier Charles ouvrent depuis plusieurs créations un champ d’exploration autour de la voix parlée posée sur la musique. Mettant l’intensité de l’écoute au cœur du processus de leur travail. Ce dialogue d’attraction vient naturellement s’inscrire à l’endroit de l’ouïe. Et l’immersion que permet le son ambisonique devient un écrin scénique plaçant l’écoutant au cœur de la tente suspendue à l’approche du 8 167ème mètre. Erri De Luca écrit des voix. Avec des phrases qui ne sont pas plus longues que le souffle qu’il faut pour les dire. Laëtitia Pitz a choisi Océane Cairaty et Sélim Zahrani pour donner souffle et corps à cette attente du bout de la nuit.
Xavier Charles
Clarinettiste, compositeur, improvisateur
Clarinettiste, électron libre, il est une figure incontournable de la scène des nouvelles musiques européennes. Virtuose irréprochable, il s’invente un langage unique et épouse les musiques les plus aventureuses, il pratique essentiellement l’improvisation, et multiplie les collaborations avec de nombreux musiciens en France et à l’étranger. Il a développé des techniques sur l’instrument inspirées par la matière, les sons du quotidien, du vivant et les langages musicaux contemporains. Ses recherches sonores l’ont aussi orienté vers un système de haut-parleurs vibrants. Ses expériences l’emmènent aux frontières de la musique improvisée, du rock noisy, de l’électroacoustique, du jazz, de la musique traditionnelle. Son travail d’improvisateur met en jeu la question de l’écoute, comment la réinventer et fertiliser les outils de l’écoutant. Son travail de compositeur expérimente la temporalité et comment s’en libérer.
À propos de la musique de « Sur la trace de Nives », Xavier Charles précise : ‘‘Les voies me guident, m’aident à arpenter la clarinette et à jouer sans air. Les voix m’incitent à prendre la hauteur de l’auteur.En inspirant, en expirant, en n’spirant, en x’spirant. Avec Nives et Erri, je rêve de gravir une clarinette-montagne. J’imagine un camp de base poly-sonic et y faire exister des matériaux sonores gelés. Soulever et porter du son des vallées vers les sommets. Oublier la gravité. Les vastes espaces me proposent d’inventer des plans, des lignes, des points.Des matières sonores, vastes et minérales. Écouter la rareté de l’air, la liberté. Et redescendre appesanti ? Ce travail vient dans la suite de plusieurs collaborations avec Laëtitia Pitz metteure en scène, qui m’ont permis d’élaborer des stratégies d’écritures sonores pour faire entendre des récits parlés. Composer pour le Dôme et toute cette ingénierie sonore ouvre des voies subtiles, fertiles et enivrantes. Et m’offrent, une fois de plus l’occasion, de collaborer avec Joris Rühl magnifique joueur de clarinettes.’’
Carlo Laurenzi
Réalisateur en informatique musicale Ircam
Après des études de guitare, de composition et musique improvisée, Carlo Laurenzi se consacre à la musique électronique en tant que compositeur et interprète.
Depuis 2005, il a participé à plusieurs projets de recherche, concerts, installations musicales et créations partout en Europe. Ses pièces électroacoustiques ont été jouées dans plusieurs festivals de musique contemporaine.
Réalisateur en informatique musicale permanent à l’Ircam depuis 2011, Il a collaboré avec Pierre Boulez, assuré la régie informatique et l’interprétation de ses pièces avec électronique, et il est collaborateur régulier de plusieurs compositeur·rice·s pour leurs projets de création de musique mixte (C. Czernowin, M. Stroppa, M. Levinas, P. Leroux, P. Hurel, F. Filidei, M. André).
Friche la Belle de Mai (le Module)
41, rue Jobin13003
Marseille
TARIFS
Plein : 8€
Réduit : 6€ *
* Jeunes 12 — 25 ans, étudiant·e·s, demandeur·euse·s d'emploi, bénéficiaires des minima sociaux, intermittent·e·s, séniors de 65 ans et plus — sur justificatif.
Pass Musiques-Fictions * : 10€
* (donnant accès à deux séances dans la même soirée Musique-Fiction 1 + Musique-Fiction 2)
DURÉE
55 min.
Erri De Lucca
texte
Xavier Charles
musique et réalisation
Laëtitia Pitz
adaptation
Carlo Laurenzi
réalisation informatique musicale Ircam
Lucas Ciret
ingénierie sonore
avec les voix de
Océane Caïrati,
Sélim Zahrani,
Erri De Luca
Joris Rühl
clarinettiste