Parallèlement à son « Tribute to an Imaginary Folk Band », Bedmakers continue son investigation au carrefour des musiques folk et improvisées avec une nouvelle création intitulée « Future Folk Stories ».
Inspiré des BBC Ballads des années 50 d’Ewan McColl et Charles Parker qui révolutionnèrent le concept de documentaire musical à la radio, le groupe propose un dispositif de concert pour pièce radiophonique mêlant chansons et textes pré-enregistrés, instruments acoustiques et sons concrets, l’électroacoustique et la force évocatrice de la voix dans de multiples formes : chantée, parlée, scandée…
Pour l’occasion, le quartet s’adjoint les talents de la performeuse vocale Natacha Muslera, dont la voix en direct se mariera avec d’autres, enregistrées au gré des pérégrinations du groupe. Chœur amateur, voix amies ou fraîches rencontres, Bedmakers édifie une banque sonore originale, constituée de fragments de mélodies et d’extraits de textes mais aussi de sons concrets et d’archives électro-acoustiques. Cette matière sonore, pilotée et re-travaillée en direct par Mathieu Werchowski et Natacha Muslera décuple les interactions possibles au sein du groupe et multiplie les interlocuteurs.
Chansons découpées puis ré-assemblées dans le désordre, phrases parlées servant d’interrupteurs à déclenchement d’improvisations multiples, ritournelles anglo-saxonnes détournées, hymnes traditionnels composés dans l’instant et égrenés sur les retransmissions de field-recording composent ce nouveau répertoire. Le quintet ébauche ainsi les contours fuyants d’un personnage qui ne serait autre que la musique folk en personne dans la multiplicité de ses représentations et de ses rôles ; à la fois actuelle et anachronique, désuète et par nature perpétuellement renouvelée.
Par cette nouvelle création sonore, Bedmakers cherche une fois de plus à questionner un certain rapport au temps, résolument non-linéaire en faisant cohabiter des mélodies pluricentenaires avec l’improvisation libre, cette fois dans un dispositif électro-acoustique où la voix et ses différents avatars prennent un rôle central.
« Je m’intéresse à chaque voix, aux voix infimes et infirmes — celles des vivants et des morts, des humains et non humains. Avec ces voix j’élabore une langue de résistance que je nomme langue des bois, une langue hybride, articulée et inarticulée, imprégnée des écosystèmes sonores. Cela active des performances, des improvisations, des textes, des pratiques vocales collectives, des pièces sonores et radiophoniques, des partitions, des films, des ateliers et laboratoire de recherche, des technologies d’altérités… Ces expérimentations confrontent tout autant les potentiels vocaux, que les problématiques de normalité et d’esthétique, c’est à dire les limites que l’on assigne à la voix : celle de genre, de classe, de registre; ainsi qu’à la prédominance de certain sens. »
Robin Fincker
saxophone ténor, clarinette
Mathieu Werchowski
violon, machines
Natacha Muslera
voix, machines
Dave Kane
contrebasse
Fabien Duscombs
batterie