Chœur tac-til est impulsé en 2012 par Natacha Muslera (musicienne, improvisatrice, compositrice) et continue d’être une recherche collective en processus, qui a été accueillit dès 2013 par le GMEM, centre national de création musicale, situé à Marseille. Lors de ces résidences Natacha élabore des écritures expérimentales distanciées du champ visuel, en compagnonnage avec le chœur, à cela s'intègre des temps de pratique d'improvisation libre et de soin par les souffles-voix.

« Nos performances vocales acoustiques, se déroulent en intérieur dans l'obscurité. Voix, portes voix, matériaux végétal et plastique, participent à cette expérience de cinéma pour l'oreille. En extérieur le public a les yeux obturés. Nous tentons différents contextes d’écoutes, de perception. » 

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Japon, Kyoto, Forêts du Kansaï, Kobe, Osaka

C'est en découvrant de multiples résonances avec des pratiques vocales et musicales au Japon que Chœur tac-til commence à imaginer ce voyage et cette création. Notamment l’histoire des "Goze", ces femmes musiciennes itinérantes aveugles qui arpentaient le Japon, du Moyen Âge jusque dans les années 90.

Ces femmes jouaient du shamisen et leurs chants en parties improvisés s'imprégnaient des bruits liés aux environnements qu’elles traversaient (insectes, vent, flocons de neige...). Elles étaient aussi des sortes de radio nomades, racontant les récits politiques et sociaux de leur pays, leurs chants sont au bord de l'effacement.

Chose rare et révolutionnaire, elles avaient réussi à transformer leur handicap en un puissant outil social, grâce à une caisse solidaire qui les protégeait et leur donnait la possibilité de s'entraider.

En 2022, Lionel Marchetti est invité au sein du chœur avec son dispositif électronique pour la nouvelle création sonore (France-Japon), deux résidences ont lieu au GMEM. Ils·elles commencent à élaborer une recherche délicate entre les voix acoustique et l'amplification, la spatialisation.

« À la lisière, voix et électronique se reflètent, troublent les espaces, se mettent en abîme, l'électronique cisèle l'inaudible des voix, sous basses, ultra aigus et pose ses nappes éthérées en ruptures avec l'organicité des bruits de bouche. »

Deux résidences en 2023, ont lieu avant leur départ en mai au Japon. La création sonore se nourrit des marches dans les forêts du Kansaï, à l’écoute des écosystèmes sonores dont la biodiversité s’avère exceptionnelle, des rencontres avec des ethnomusicologues spécialistes des Gozé, une joueuse de shamisen...

Cette création pour voix et électroniques se joue fin 2023 au GMEM. Ce sera une grande fête car même si Chœur tac-til continue sa vie, cette soirée clôture dix années extraordinaires de résidence au GMEM, une décennie de confiance et de liberté.

Un film est projeté en première partie, il révèle de manière très libre et artisanale les années de pratiques vocales, de complicité humaine et sonore du chœur, dans un ailleurs qui leur est inconnu et dont le récit s'enchevêtre à celui des Goze.

Pour cela, Natacha Muslera invite le cinéaste Stefano Canapa à fabriquer ce film avec Lionel Marchetti (prise de son) et Chœur tac-til, au Japon. Lionel et Stefano pratiquent le tourné monté, l'improvisation, ils ont une approche sensible et très spontanée qui va bien au chœur.

Du ciel dans les oreilles, Drop of ear, sera un film polyphonique pour non voyant et voyant, en 16 mm, noir et blanc, tourné au Japon.